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Les bienfaits de l'ennui chez l'enfant


enfant qui s'ennuie

Nous vivons une époque où les enfants sont souvent sur-sollicités – entre école, activités extrascolaires, écrans et loisirs organisés – l’ennui est devenu presque tabou. Et pourtant, les recherches en psychologie du développement nous rappellent à quel point l’ennui est non seulement inévitable, mais aussi nécessaire au bon développement de l’enfant.




Mais L'ennui, c'est quoi précisément ?


C'est un état affectif transitoire, désagréable mais non pathologique, qui survient lorsqu’un individu ne parvient pas à trouver une activité satisfaisante malgré un désir de s’engager dans quelque chose (Eastwood et al., 2012). Chez l’enfant, il s’exprime souvent par des plaintes comme « Je sais pas quoi faire », « Je m’ennuie », « Y’a rien à faire ».

Contrairement à une idée reçue, l’ennui ne signifie pas que l’enfant manque de ressources. Il est souvent le signe qu’il entre dans une phase de transition, durant laquelle il va devoir mobiliser ses propres capacités de réflexion, de créativité ou de régulation émotionnelle.



Pourquoi l’ennui est redouté par les enfants… et par les parents


Du côté des enfants : L’ennui provoque de l’inconfort, parfois de l’agacement, car il met l’enfant face à lui-même. Or, le jeune enfant n’a pas toujours appris à combler ce vide par ses propres moyens. Il attend souvent que l’adulte intervienne pour proposer une solution.


Du côté des parents : L’ennui de l’enfant est souvent perçu comme une forme d’échec éducatif ou comme un “vide à combler”. De nombreux parents, animés par de très bonnes intentions, cherchent à occuper leur enfant à tout moment, pensant qu’il s’agit là d’un signe de bon accompagnement.Mais cette sur-stimulation empêche parfois l’enfant d’explorer ses propres ressources internes.

Comme le souligne le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott (1971), c’est dans le vide apparent de l’ennui que l’enfant apprend à "être seul en présence de quelqu’un", et que peut émerger le jeu créatif libre, fondement de la construction du soi.



Quels sont les bienfaits de l’ennui pour l’enfant ?


1. Développement de la créativité et de l’imagination

Des études ont montré que l’ennui pousse à une pensée divergente, c’est-à-dire à explorer des idées nouvelles ou inattendues (Mann & Cadman, 2014, The Role of Boredom in Children’s Play and Imagination).

➡️ Lorsqu’un enfant s’ennuie, il cherche à “inventer” quelque chose : un jeu, une histoire, un projet. C’est ainsi qu’il apprend à transformer une boîte en cabane, un bâton en baguette magique ou à imaginer une aventure avec ses peluches.



2. Apprentissage de l’autonomie

L’ennui donne à l’enfant l’opportunité de faire des choix : que vais-je faire ? comment vais-je m’organiser ?

Cela développe l’initiative personnelle, l’autonomie, et la capacité à se diriger sans dépendre sans cesse d’un adulte ou d’un écran.

➡️ L’ennui soutient ainsi le développement des fonctions exécutives, notamment la planification, la prise de décision et la concentration.



3. Meilleure connaissance de soi

En l’absence de stimulations externes, l’enfant apprend à revenir à lui-même : il explore ses envies, ses besoins, ses goûts. Il apprend à identifier ce qui l’anime véritablement, ce qui l’ennuie, ce qui le calme.

➡️ C’est un processus fondamental pour la construction identitaire et la régulation émotionnelle.



4. Tolérance à la frustration et apprentissage de la patience

L’ennui confronte l’enfant à l’attente, au manque et donc à une forme de frustration. Savoir tolérer cette sensation, sans solution immédiate, l’aide à mieux gérer la frustration dans d’autres contextes : en classe, avec ses pairs, dans la fratrie.

➡️ Il apprend que l’inconfort émotionnel est supportable et temporaire, ce qui le rend plus résistant face aux aléas du quotidien. En apprenant à patienter et à différer la réalisation de ses désirs, l'enfant commence également à développer l'auto-régulation, en faisant des efforts pour atteindre certains objectifs à long terme.



Ennui ou signe de mal-être ? Une distinction importante


Il est essentiel de distinguer l’ennui fonctionnel de ce qui pourrait être un signe de souffrance émotionnelle plus profond.

Par exemple, si un enfant ou un adoelscent dit “je m’ennuie tout le temps”, “rien ne m’amuse”, “tout est nul”, cela peut signaler une anhédonie, symptôme fréquent dans les troubles dépressifs, qui se traduit par une perte de plaisir et de motivation.

L’ennui appelle à l’action. L’anhédonie, au contraire, est marquée par l’apathie, le retrait et la difficulté à investir des activités, même plaisantes.

➡️ Dans ce cas, il est important de consulter un professionnel de santé mentale, pour évaluer l’état émotionnel de l’enfant.



Comment accompagner sainement l’ennui chez l’enfant ?


  • Ne pas le craindre ni le remplir à tout prix.Un “temps vide” n’est pas un “temps perdu”.

  • Valoriser le jeu libre et les moments sans consignes.

  • Offrir un cadre contenant (présence sécurisante, espace calme, matériaux accessibles), sans diriger.

  • Accepter les plaintes sans y répondre immédiatement : l’enfant a besoin d’espace pour trouver ses propres idées.

  • Modéliser des temps de vide ou de rêverie : les parents aussi peuvent dire “je ne fais rien pour l’instant, je prends le temps”.



🔚 En conclusion


L’ennui est une expérience précieuse, bien qu’inconfortable, dans le développement de l’enfant. Il favorise la créativité, l’autonomie, la patience et la connaissance de soi.Plutôt que de le fuir, apprenons à l’accueillir, à l’accompagner, et à lui faire confiance : c’est souvent dans ces moments d’ennui que naissent les idées les plus riches… et les jeux les plus libres.






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